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trai le major Leconte, de l’armée des États-Unis, que j’avais précédemment connu. La conversation tomba naturellement sur la difficulté qu’éprouvaient les auteurs à se produire même dans leur propre pays, et j’observai que le marchand devenait tout attention, et même, à la fin, semblait mal à son aise. Il se leva de sa chaise, parla à son commis et vint se rasseoir. Le major nous quitta, et moi j’allais le suivre, lorsque le marchand s’adressant à moi, me dit qu’il ne voyait pas pourquoi les arts et les sciences ne seraient pas encouragés par les gens riches dans notre pays. Sur ces entrefaites, le commis revint et lui mit dans la main quelques papiers qu’il me passa en disant : « Je souscris à votre ouvrage ; voici le prix du premier volume. Venez avec moi ; je vous connais maintenant, et je veux vous procurer d’autres souscripteurs. Chacun de nous vous est redevable pour la connaissance que vous nous donnez de choses qui, sans votre zèle et vos travaux, ne seraient probablement jamais parvenues jusqu’à nous. Je fais dorénavant mon affaire de vous servir, et je veux être votre agent dans notre ville… Allons ! »

Pauvre Audubon, voilà comme on te fait passer successivement du froid au chaud ; tantôt haut, tantôt bas ; ce matin, au désespoir, et maintenant transporté par les promesses de ce généreux marchand ! Telles étaient les réflexions qui me trottaient par la tête, en compagnie de beaucoup d’autres ; car je pensais aussi à vous, cher lecteur, et à mes ouvrages qui avançaient, en Angleterre, sous la surveillance de mon excellent ami J. G. Childrenn, du musée britannique. Le marchand