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une proie, il se met à voler autour, et par l’impétuosité de ses mouvements en donne avis à son plus proche compagnon, qui le suit immédiatement et se voit lui-même successivement suivi par tous les autres. De cette manière, le plus éloigné du premier se précipite, comme le reste, en droite ligne, vers le lieu indiqué par la direction des autres ; et tous ils arrivent, sans s’écarter, par la même voie, en paraissant obéir à ce pouvoir extraordinaire de l’odorat qu’on leur accorde si faussement. Quand l’objet ainsi découvert est gros, récemment mort et revêtu d’une peau trop coriace pour pouvoir être entamé et dévoré, et lorsqu’il leur promet ample ripaille, ils vont s’établir autour et dans le voisinage. Perchés sur des rochers, sur de hauts sommets dénudés, ils sont facilement aperçus par d’autres vautours, lesquels, par habitude, connaissant ce que cela veut dire, se joignent à la première troupe, en se dirigeant aussi en droite ligne, et fournissent une nouvelle cause d’erreur aux personnes qui se contentent seulement des apparences. C’est ainsi que j’ai vu, près du cadavre d’un bœuf, des centaines de vautours assemblés, à la tombée de la nuit, quand au matin il n’y en avait que deux ou trois. Plusieurs des derniers venus, très probablement, avaient parcouru des centaines de milles en cherchant la nourriture pour eux-mêmes, et sans doute ils eussent dû chercher bien plus longtemps encore, s’ils n’avaient aperçu ce rassemblement.

Vautours noirs et busards des dindons restent également autour de la riche proie ; quelques-uns viennent de temps en temps l’examiner, l’attaquent aux endroits