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vieux, tout déconcerté de se voir en prison, leur répondit à chacun par de grands coups de bec. Craignant qu’il ne les tuât, je les retirai d’avec lui et le rassasiai complétement. À force de jeûner, il avait pris un tel appétit, qu’il mangea trop et mourut étouffé.

J’aurais encore à citer beaucoup d’autres faits indiquant que le pouvoir olfactif dans ces oiseaux a été singulièrement exagéré, et que s’ils peuvent sentir à une certaine distance, ils peuvent aussi voir, et de beaucoup plus loin. Je demanderais à toute personne ayant observé les mœurs des oiseaux pourquoi, si les vautours sentent leur proie d’une telle distance, ils perdent tant de temps à la chercher, eux qui naturellement sont si paresseux que, lorsqu’ils ont trouvé de la nourriture dans quelque endroit, ils ne le quittent jamais, ne se déplaçant juste que de ce qu’il faut pour la prendre ? Mais je vais entrer maintenant dans le détail de leurs mœurs, et vous découvrirez facilement d’où provient cette faculté si vantée qu’on leur attribue.

Les vautours vont par troupes et s’associent quelquefois au nombre de vingt, quarante et plus. Ainsi chassant de compagnie, ils volent en vue l’un de l’autre et couvrent une immense étendue de pays. Une troupe de vingt peut, sans peine, explorer une surface de deux milles ; d’autant plus qu’ils s’en vont tournoyant en larges cercles, s’entrecoupant souvent l’un l’autre dans leurs lignes, et comme formant une longue chaîne dont les replis s’enroulent sur eux-mêmes. Les uns se tiennent haut, les autres bas ; aucun recoin ne leur échappe, et dès que l’un d’eux, plus favorisé, découvre