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que, par mégarde, la porte avait été laissée ouverte, un chat s’y introduisit et l’étrangla. — Autrefois, dans l’État de New-York, j’ai vu de ces oiseaux rester toute l’année, quand l’hiver n’était pas rigoureux.

Dans toute l’espèce des grives, il n’y a pas, aux États-Unis, d’oiseau plus fort que la grive rousse. Ni le robin, ni le moqueur ne peuvent lutter avec elle. Comme le premier, elle met en fuite le chat et le chien et harcelle le raton et le renard ; elle poursuit le faucon de Cooper, l’autour, et même les provoque ; et il est peu de serpents qui puissent attaquer son nid avec succès. Il est remarquable aussi que, bien que ces oiseaux aient entre eux de fréquentes et rudes batailles, cependant, au premier signal d’alarme donné par l’un d’eux, ils se précipitent tous pour l’aider à chasser l’ennemi commun. S’il arrive que deux nids se trouvent placés l’un auprès de l’autre, on voit les mâles se livrer de furieux combats auxquels prennent part les femelles. Dans de telles rencontres, les mâles s’approchent l’un de l’autre avec de grandes précautions ; ils étalent, élèvent et soudain rabaissent leur longue queue en éventail ; ils en fouettent l’air de côté et d’autre, puis s’aplatissent contre terre en poussant un petit cri de défi, jusqu’à ce que l’un des deux, profitant de quelque avantage de position ou de telle autre circonstance, s’élance le premier à la charge. La lutte, une fois franchement engagée, ne finit d’habitude que quand l’un a bien battu l’autre ; après quoi, le vaincu essaie rarement d’une revanche et la paix est faite. Ils aiment beaucoup à se baigner et à faire la poudrette sur le sable des routes ;