Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cette grive niche en volière et devient tout à fait traitable, même dans un état plus restreint de captivité. On l’élève de la même manière et avec la même nourriture que l’oiseau moqueur. Elle chante bien aussi en cage et a beaucoup des mouvements de ce dernier. Elle est active, pétulante et, dans sa rancune, ne se fait pas faute d’appliquer un bon coup de bec sur la main qui se hasarde à l’approcher. C’est en automne que les jeunes commencent leur éducation musicale, — Paganini lui-même ne fit jamais preuve de plus de patience ni de plus d’ardeur, — et le printemps suivant, le plein pouvoir de leur gorge est développé.

Mon ami Bachman ayant élevé plusieurs de ces oiseaux, a bien voulu me communiquer, à leur sujet, les détails suivants. Ils se montrent assez bien disposés envers la personne qui les nourrit, mais restent toujours sauvages vis-à-vis toute autre espèce d’oiseau. Un soir, dit-il, je mis trois moineaux dans la cage d’une de ces grives, et le lendemain matin je les trouvai tués et, qui plus est, presque entièrement plumés. Cependant cette même grive était si douce et si gentille pour moi, que quand j’ouvrais sa cage, elle me suivait au travers du verger et du jardin. Dès qu’elle me voyait prendre une bêche ou une houe, elle s’attachait à mes talons, et, pendant que je retournais la terre, saisissait adroitement, de la pointe de son bec, les vers et les insectes que je mettais à découvert. Je la gardai trois ans, et c’est son affection pour moi qui finit par lui coûter la vie. Elle avait l’habitude de dormir sur le dos de ma chaise, dans mon cabinet. Une nuit