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volée de grives et d’autres oiseaux célèbrent un véritable jubilé et font retentir les bois de leurs chants de victoire. — Moi-même, présent à cette scène, je fus assez heureux pour contribuer, de ma part, à la joie générale : ayant tenu pendant quelques minutes, dans ma main, la pauvre femelle sur le point d’expirer, je la vis par degrés revenir à elle, et pus la rendre à la tendresse de son mâle désolé.

La grive rousse ou batteuse, nom sous lequel elle est aussi généralement connue, peut être considérée comme résidant constamment aux États-Unis ; c’est ainsi que, toute l’année, on en trouve de répandues, en nombre immense, dans la Louisiane, les Florides, les Carolines et la Géorgie. Cependant, quelques-unes passent l’hiver dans la Virginie et le Maryland. Au printemps et en été, on les rencontre dans tous nos États de l’est ; il en entre aussi dans les provinces anglaises, et quelques-unes même dans la Nouvelle-Écosse ; mais je n’en ai jamais vu plus au nord. Si l’on en excepte le robin ou grive émigrante, c’est l’espèce la plus nombreuse dans l’Union. Celles qui nichent dans les districts du centre ou de l’est, retournent au sud vers le commencement d’octobre, et restent ainsi absentes, six mois entiers, des lieux qui les ont vues naître ; tandis que plus de la moitié des autres y demeurent durant toutes les saisons. Elles émigrent de jour, isolément, et ne s’assemblent jamais, quel que soit leur nombre. Elles volent bas, en sautillant de buisson en buisson ; leur plus long essor dépasse rarement la largeur d’un champ ou d’une rivière ; elles semblent se mouvoir pesam-