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lui deux points faiblement lumineux : ce sont les yeux d’un daim ou d’un loup qui réfléchissent l’éclat de la torche. L’animal ne bouge point ; et pour quelqu’un qui n’aurait pas l’habitude de cette chasse étrange, le flamboiement de ces yeux ferait naître l’idée d’un fantôme ou d’un lutin égaré parmi les bois, loin des lieux qu’il a coutume de hanter. Mais le chasseur, que rien n’intimide, s’en approche, et souvent d’assez près pour distinguer les formes ; il épaule sa carabine, il tire, et l’animal roule par terre ! Alors il descend de cheval, prend la peau ou d’autres parties les plus à sa convenance ; puis continue sa chasse presque toute la nuit, sinon même jusqu’à la pointe du jour, tuant ainsi quelquefois une dizaine de daims, quand il y fait bon. Ce genre de chasse devient fatal, non-seulement aux daims, mais encore aux loups, et, par aventure, à un vieux cheval ou à une vache qui se trouve rôdant dans la profondeur des bois.

À présent, lecteur, il vous faut enfourcher un coursier de Virginie, généreux et plein de feu. Votre fusil n’est-ce pas, est en bon état ?… Écoutez : le son de la corne et des cors retentit et se mêle aux aboiements d’une meute de chiens courants ! Vos amis vous attendent à l’ombre du feuillage où nous devons mener ensemble la chasse du daim au pied léger. On ne sent pas la distance, quand on savoure d’avance la joie de l’arrivée ; au galop donc à travers les bois, jusqu’à ce que nous trouvions certaine place bien connue où, sous la balle du chasseur, plus d’un daim superbe a mordu la poussière. Les traqueurs se sont déjà mis en quête ;