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et des vignes sauvages, tantôt vous débattant entre deux jeunes arbres tenaces, dont les branches, forcées par le passage de votre compagnon, se referment sur vous, ou reviennent vous fouetter le visage ; sans compter tant et tant d’autres occasions de vous rompre le cou, par exemple, en tombant la tête la première au fond de quelque précipice recouvert de mousse ! Mais je veux mettre de l’ordre dans ma description, et vous laisser juger par vous-même si cet amusement serait ou non de votre goût.

Le chasseur est rentré au campement ou à la maison ; il s’est reposé, a fait un bon repas de son gibier, et maintenant il attend avec impatience le retour de la nuit. Il s’est procuré quantité de pommes de pin remplies de matière résineuse ; il possède une vieille poêle à frire qui, Dieu le sait, a peut-être servi à sa grand’grand’mère, et où l’on mettra les pommes de pin, une fois allumées ; les chevaux se tiennent à la porte tout sellés ; enfin, lui-même il paraît avec sa carabine en bandoulière, s’élance sur un cheval, tandis que l’autre est monté par son fils ou un domestique portant la poêle et les pommes de pin, et l’on part en se dirigeant vers l’intérieur de la forêt. Arrivés sur le terrain où doit commencer la chasse, on bat le briquet, le feu jaillit, et bientôt le bois résineux pétille. L’individu qui porte la torche s’avance dans la direction jugée la plus favorable. La flamme illumine les objets rapprochés ; mais au loin tout reste plongé dans une obscurité d’autant plus profonde ; à ce moment, le chasseur gagne le front de bataille, et ne tarde pas à apercevoir devant