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querelleurs et turbulents ; ils volent alors plus vite que d’habitude, se posent plus souvent et trahissent une humeur pétulante et acariâtre, qui s’apaise un peu lorsque les femelles ont pondu.

Ils peuvent résister plusieurs jours de suite sans prendre de nourriture, mais ils mangent goulûment dès qu’ils en trouvent l’occasion. Jeunes faons, lièvres, dindons sauvages et autres gros oiseaux composent leur régime ordinaire. Ils ne dévorent la chair en putréfaction que lorsque la faim les presse, et jamais, sans cela, on n’en voit s’abattre sur la charogne. Ils ont bientôt fait de nettoyer la peau et d’arracher les plumes de leur victime, et ils avalent de gros morceaux souvent mêlés d’os et de poils qu’ensuite ils dégorgent. Musculeux, forts et hardis, ils sont capables de supporter, sans en souffrir, un froid extrême, et savent diriger leur vol au sein même des plus furieuses tempêtes. Une femelle complétement adulte pèse environ douze livres ; le mâle, comme deux livres et demie de moins. Rarement ces oiseaux s’éloignent des lieux où ils ont établi leur domicile, et le mutuel attachement des deux individus d’un même couple semble durer pendant des années.

Ce n’est qu’à la quatrième saison qu’ils apparaissent dans toute la beauté de leur plumage ; et je dois observer ici que l’aigle à queue rayée des auteurs n’est autre que le jeune de cette même espèce, sous la livrée de seconde et de troisième année. Les Indiens du nord-ouest recherchent avec passion les plumes de la queue de cet aigle, dont ils parent leur personne et leur attirail de guerre.