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avec le vent. Dans les intervalles de repos, on fait circuler toutes sortes de rafraîchissements, et pendant que les danseuses se contentent d’humecter leurs lèvres de l’agréable jus du melon, le chasseur du Kentucky étanche sa soif par d’amples rasades de punch convenablement tempéré.

Que n’étiez-vous avec moi, cher lecteur, pour prendre votre bonne part du champêtre spectacle de cette fête nationale ! Avec quel plaisir n’eussiez-vous pas entendu, là, le babil ingénu des amoureux ; ici, les graves dissertations des anciens sur les affaires de l’État ; ailleurs, l’entretien de braves laboureurs s’occupant d’améliorations apportées aux instruments et ustensiles d’agriculture, et toutes les voix enfin, confondues dans un même vœu, ne demandant qu’une continuation de prospérité pour le pays en général et pour le Kentucky en particulier ! Vous eussiez aimé à voir ceux que n’avait pas attirés la danse, s’essayant de loin au tir de leurs pesantes carabines ; d’autres, fiers de montrer à la course la supériorité de leurs fameux chevaux de Virginie ; ceux-ci, racontant des exploits de chasse et par moments faisant retentir les bois de leurs bruyants éclats de rire. Pour moi, le temps passait rapide comme une flèche dans son vol. Plus de vingt ans se sont écoulés depuis que j’assistais à cette fête, et maintenant encore, à chaque anniversaire du 4 juillet, le seul souvenir de ce jour de joie me rafraîchit l’âme.

Mais hélas ! le soleil décline, l’obscurité du soir commence à ramper sur la scène ; dans les bois, de larges feux sont allumés projetant au loin, sur la pelouse fou-