Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Libre et franc de cœur, hardi, droit, et s’enorgueillissant de ses aïeux virginiens, le Kentuckyen a fait ses préparatifs pour célébrer, comme d’habitude, l’anniversaire de l’indépendance de son pays. Ou est sûr qu’aux environs ils sont tous d’un même accord : qu’est-il besoin d’invitation personnelle, là où chacun est toujours bien reçu de son voisin ; là où, depuis le gouverneur jusqu’au simple garçon de charrue, tout le monde se rencontre, l’allégresse dans l’âme et la joie sur le visage ?

C’était, en effet, un bien beau jour ! Le soleil étincelant montait dans le clair azur des cieux ; l’haleine caressante du zéphyr embaumait les alentours du parfum des fleurs ; les petits oiseaux modulaient leurs chants les plus doux sous l’ombrage, et des milliers d’insectes tourbillonnaient et dansaient dans les rayons du soleil ; fils et filles de la Colombie semblaient s’être réveillés plus jeunes ce matin-là. Depuis une semaine et plus, serviteurs et maîtres n’étaient occupés qu’à préparer une place convenable. On avait soigneusement coupé le taillis ; les basses branches des arbres avaient été élaguées, et l’on n’avait laissé que l’herbe, verdoyant et gai tapis pour le sylvestre pavillon. C’était à qui donnerait bœuf, jambon, venaison, poule d’Inde et autres volailles ; là se voyaient des bouteilles de toutes les boissons en usage dans la contrée ; la belle rivière[1] avait mis à contribution le peuple écaillé de ses ondes ; melons de toutes sortes, pêches, raisins et poires eussent

  1. C’est ce que signifie l’Ohio, en langage indien.