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première nourriture consiste en chenilles, araignées, insectes, et en baies de diverses sortes ; mais à mesure qu’ils grandissent, les parents leur apportent de la chair d’oiseau, dont ils se repaissent avec avidité, même avant de quitter le nid.

Ce vaillant petit guerrier est doué de la faculté d’imiter les notes de ses frères des bois, spécialement celles qui indiquent la détresse. C’est ainsi qu’il contrefait le cri des moineaux et autres de cette taille, de manière à vous faire jurer que vous les entendez gémir sous la serre de l’épervier, et je soupçonne fort que ce n’est qu’une ruse de guerre pour attirer les voisins hors du bocage au secours de leur pauvre camarade. En maintes occasions, je l’ai surpris précisément lorsqu’il faisait entendre cette sorte de plainte, et bientôt, comme un trait, je le voyais s’élancer de sa branche dans un buisson d’où sortaient immédiatement les cris, cette fois trop réels, d’un oiseau qu’il avait pris. Sur les bords du Mississipi, j’en remarquai un qui, plusieurs jours de suite, vint régulièrement se poser tout au haut d’un grand arbre. De là, après avoir imité les cris de diverses espèces de passereaux, il piquait en bas, comme un faucon, les ailes ramenées près du corps, et rarement manquait-il d’atteindre l’objet de sa poursuite, après lequel il s’acharnait jusqu’au milieu des ronces et des broussailles. S’il revenait sans gibier, il remontait sur sa branche, et, d’une voix rauque et forte, exhalait son mécontentement en cris de colère. Chaque fois qu’il voulait frapper sa victime, il s’abattait sur son dos et l’attaquait à la tête, que je trouvais