Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.

son couteau en dessous des vertèbres, les sépare de la chair, qu’il envoie dans le vaisseau par l’écoutille et le surplus toujours à la mer.

Maintenant si vous voulez jeter les yeux dans l’intérieur, vous pourrez voir la dernière cérémonie qui consiste à saler et à entasser la morue dans les barils : six hommes qui en ont l’habitude, et dont les bras veulent s’occuper, suffisent à décapiter, vider, désosser, saler et emballer tout le poisson pris dans la matinée, et à débarrasser complétement le pont pour le moment où les bateaux reviendront avec une nouvelle charge. Leur travail se prolonge ainsi jusqu’à minuit. Alors ils se lavent la figure et les mains, prennent des vêtements propres, suspendent aux haubans leurs appareils de pêche et gagnent le gaillard d’avant, où ils sont bientôt plongés dans un profond sommeil.

Mais il est déjà trois heures du matin ! Le capitaine sort de sa cabine en se frottant les yeux et appelle à haute voix : Tout le monde debout, holà ho !!! Les jambes engourdies, et encore à moitié endormis, les pêcheurs sont bientôt sur le pont. Leurs mains et leurs doigts leur font tant de mal et sont tellement enflés à force de tirer les lignes, qu’ils peuvent à peine s’en servir. Mais c’est bien de cela qu’il s’agit ! Le cuisinier, qui la veille a fait un bon somme et s’est levé une heure avant eux, a préparé le café et les vivres. Le déjeuner est promptement expédié ; on met de côté les vêtements propres, pour reprendre l’habit de fatigue ; chaque bateau, nettoyé d’avance, reçoit ses deux