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se remplissent dans le même espace de temps et s’en reviennent tous ensemble.

Une fois arrivé au vaisseau, chacun s’arme d’une perche qui porte au bout un fer recourbé assez semblable aux dents d’une fourche à foin. Avec cet instrument, on perce le poisson qu’on jette d’une secousse sur le pont, en le comptant à haute voix au fur et à mesure ; puis, dès que chaque cargaison est ainsi déposée en sûreté, les bateaux repartent à la pêche ; et quand l’ancre est jetée, l’équipage dîne, pour recommencer. Laissons-les, si vous le permettez, continuer quelque temps leur manœuvre, et voyons un peu ce qui va se passer à bord du vaisseau.

Le capitaine, quatre hommes et le cuisinier ont, dans le courant de la matinée, dressé de longues tables en avant et en arrière de la grande écoutille ; ils ont porté sur le rivage la plus grande partie de leurs barils de sel, et placé en rang de larges caques vides pour les foies. L’intérieur du vaisseau est entièrement débarrassé, sauf un coin, où l’on a déposé un gros tas de sel ; et maintenant les hommes, ayant dîné à midi précis, sont prêts avec leurs grands couteaux. L’un commence par couper la tête de la morue, ce qui se fait d’un bon coup de tranchant et en un seul tour de main ; puis il lui ouvre le ventre par en haut, la pousse à son voisin, jette la tête par-dessus le bord et recommence la même opération sur une autre. Celui auquel le premier poisson a été passé lui enlève les entrailles, en sépare le foie, qu’il jette dans une caque, et le reste par-dessus le bord ; enfin, un troisième individu introduit dextrement