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la pêche commence. Chaque homme a deux lignes et se tient à un bout du bateau du milieu duquel on a enlevé les planches, pour faire place au poisson. Les lignes amorcées sont lancées à l’eau, de chaque côté de la barque ; leurs plombs les entraînent à fond ; un poisson mord : le pêcheur tire à soi brusquement d’abord, puis d’un mouvement continu, et jette sa capture de travers sur une petite barre de fer ronde placée derrière lui, ce qui force le poisson à ouvrir la gueule, tandis que le seul poids de son corps, si petit qu’il soit, fait déchirer les chairs et dégage l’hameçon. Cependant l’amorce est encore bonne, et déjà la ligne est retournée à l’eau chercher un autre poisson, en même temps que, par le bord opposé, le camarade tire la sienne, et ainsi de suite. De cette manière, avec deux hommes travaillant bien, l’opération se continue jusqu’à ce que le bateau soit si chargé que sa ligne de flottaison ne vienne bientôt plus qu’à quelques pouces de la surface de l’eau. Alors on retourne au vaisseau qui attend dans le port, rarement à plus de huit milles des bancs.

Presque toute la journée, les pêcheurs n’ont cessé de babiller : on cause de pêche, d’affaires domestiques, de politique, et autres matières non moins graves. Parfois, une répartie de l’un excite chez l’autre un bruyant éclat de rire qui vole de bouche en bouche, et sur un bon mot voilà toute la flottille en gaieté. C’est à qui se surpassera, à qui prendra le plus de poisson dans un temps donné. De là une nouvelle source d’émulation et de plaisanteries. Mais, en général, les bateaux