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L’appât généralement employé au début de la saison consiste en moules qu’on a salées exprès ; mais dès que le capelan[1] commence à se montrer sur la côte, on s’en sert, comme étant moins coûteux. Souvent même on se contente de chair de fous et autres oiseaux de mer. Les gages des pêcheurs varient de seize à cinquante dollars par mois, suivant la capacité des individus.

Le travail de ces hommes est excessivement dur : sauf le dimanche, rarement sur les vingt-quatre heures leur en accorde-t-on plus de trois de repos. Le cuisinier est le seul qui, sous ce rapport, soit mieux traité ; mais il faut aussi qu’il aide à vider et saler le poisson. Le déjeuner consistant en café, pain et viande pour le capitaine et tout l’équipage, doit être prêt, chaque matin, à trois heures, excepté le dimanche. Chaque homme emporte avec soi son dîner tout cuit, qu’il mange ordinairement sur le lieu même de la pêche.

Ainsi, dès trois heures du matin, l’équipage est tout préparé pour le travail du jour. Ils n’ont plus qu’à prendre leurs bateaux, qui portent chacun deux rames et des voiles de lougre. Alors ils partent tous en même temps, soit à la rame, soit à la voile. Quand on a atteint les bancs où l’on sait que le poisson se plaît, les bateaux s’établissent à de courtes distances les uns des autres ; la petite escadrille laisse tomber l’ancre par une profondeur de dix à vingt pieds d’eau, et immédiatement

  1. Nom que l’on donne à une espèce de gade voisin des merlans.