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comme je savais par expérience que, si les oiseaux venaient à soupçonner l’existence de ce trou, ils abandonneraient l’arbre sur-le-champ, je le fis soigneusement reboucher. Dès le même soir, les hirondelles revinrent comme d’habitude, et je me gardai de les troubler de plusieurs jours. Enfin, m’étant précautionné d’une lanterne sourde, un soir vers les neuf heures, je retournai au sycomore, résolu de voir à fond dans l’intérieur. Le trou fut ouvert doucement ; je me hissai le long des parois en m’aidant de la masse de détritus ; mon camarade venait par derrière. Je trouvai tout parfaitement tranquille ; et par degrés, dirigeant la lumière de la lanterne sur les côtés de l’excavation béante au-dessus de nous, j’aperçus les hirondelles collées les unes contre les autres et couvrant toute la surface interne. Avec le moins de bruit possible, nous en prîmes et tuâmes plus d’un cent que nous fourrâmes dans nos habits et dans nos poches ; puis, nous étant laissés glisser en bas, nous nous retrouvâmes en plein air. Une chose remarquable, c’est que, pendant notre visite, pas un seul de ces oiseaux n’avait laissé dégoutter de sa fiente sur nous. L’entrée exactement refermée, nous reprîmes, fiers et joyeux, le chemin de Louisville. Parmi les cent quinze individus que nous avions emportés, il ne se trouva que six femelles ; soixante-six étaient mâles et adultes ; le sexe de vingt-deux des autres ne put être déterminé ; c’étaient, sans aucun doute, des jeunes de la première couvée : leur chair était tendre, et les tuyaux de leurs plumes paraissaient encore mous.

Voyons, faisons en gros le compte des oiseaux qui