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fruits sauvages, il trouva un ours mort devant le canon d’un fusil qu’on avait mis là tout exprès en affût. Il ramassa l’arme et le gibier et les emporta chez lui. Ses amis de la plantation s’y prirent de manière à lui procurer quelques munitions, et dans les jours sombres et humides il s’aventura d’abord à chasser autour de son camp. Actif et courageux, il devint peu à peu plus hardi et se hasarda plus au large en quête de gibier. C’était dans une de ces excursions que je venais de le rencontrer. Il m’assura que le bruit que j’avais fait en traversant le bayou l’avait empêché de tuer un beau daim. Il est vrai, ajouta-t-il, que mon vieux mousquet rate bien souvent. »

Les fugitifs, quand ils m’eurent confié leur secret, se levèrent tous deux de leur siége, et les yeux pleins de larmes : « Bon maître, au nom de Dieu, faites quelque chose pour nous et nos enfants ! » me dirent-ils en sanglotant. Et pendant ce temps, leurs pauvres petits dormaient d’un profond sommeil, dans la douce paix de leur innocence ! Qui donc aurait pu entendre un pareil récit sans émotion ? Je leur promis de tout mon cœur de les aider. Tous deux passèrent la nuit debout pour veiller sur mon repos ; et moi, je dormis serré contre leurs marmots, comme sur un lit du plus moelleux duvet.

Le jour éclata si beau, si pur, si joyeux, que je leur dis que le ciel même souriait à leur espérance, et que je ne doutais pas de leur obtenir un plein pardon. Je leur conseillai de prendre leurs enfants avec eux, et leur promis de les accompagner à la plantation de leur