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velles difficultés, ce qui me détermina tout à fait à porter mes collections en Europe.

En approchant des côtes d’Angleterre, en voyant pour la première fois ses fertiles rivages, je me sentis le cœur grandement oppressé. Je ne connaissais pas une âme dans ce pays. J’avais bien sur moi des lettres d’amis américains et d’hommes d’État très haut placés ; mais ma situation ne m’en paraissait pas moins précaire à l’extrême. Je m’imaginais que chaque individu que j’allais rencontrer possédait des talents bien supérieurs à ceux des habitants les plus distingués de nos rivages de l’Atlantique. Et de fait, la première fois que je m’aventurai à travers les rues de Liverpool, je manquai perdre courage : deux grands jours durant, pas un seul regard de sympathie n’avait rencontré le mien… Et je ne pouvais m’enfuir dans les bois ; il n’y en avait aucun dans les environs !

Mais comme tout prit bientôt un autre aspect autour de moi, et que le souvenir de ce changement est encore présent à ma pensée ! La première lettre que je présentai me procura immédiatement un monde d’amis. Les Rathbones, les Roscoe, les Chorley, les Mellie, et d’autres, me prirent par la main ; et tous se montrèrent envers moi si empressés, si bienveillants, d’une si généreuse bonté, que jamais le souvenir de tant d’obligations ne s’effacera de mon cœur. Mes dessins furent publiquement exposés et loués publiquement. La joie gonflait mon sein ; la première difficulté était donc surmontée : ces honneurs, qu’en les sollicitant presque