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mieux vous les décrire qu’en disant que ce sont des forêts de mélèzes et de pins tout aussi difficiles à pénétrer que les forêts mêmes du Labrador. Le sol est partout recouvert d’un tapis de la plus belle et de la plus verte mousse sur laquelle marche, en se jouant, la perdrix au pied léger ; mais où nous enfoncions, à chaque pas, jusqu’à la ceinture, les jambes embourbées dans la vase et le corps pris entre les troncs morts et les branches des arbres dont les feuilles aiguës s’insinuaient à travers mes habits et m’aveuglaient. Cependant nous avions été assez heureux pour maintenir nos fusils en bon état, et à la fin, ayant aperçu des perdrix qui nous laissèrent approcher sans nous voir, nous pûmes nous en procurer quelques-unes. Leur plumage était superbe, mais c’était tous des mâles. Nous étions bien en effet en pleine solitude, c’est-à-dire aux lieux où d’habitude elles se tiennent, car on n’en voit que très rarement dans les champs, hors des limites de leurs impénétrables retraites. En rentrant chez moi, je trouvai deux belles femelles qu’un autre chasseur m’avait tuées, mais sans les petits : le maladroit les avait pris et donnés à ses enfants. J’envoyai chez lui en toute hâte ; mais quand mon messager arriva, ils étaient déjà dans la marmite.

La perdrix des pins, ou tétrao du Canada, commence son nid dans le Massachusetts et le Maine, vers le milieu de mai, un mois environ plus tôt que dans le Labrador. Les mâles, pour courtiser les femelles, font la roue devant elles sur la terre ou sur la mousse, à la manière du coq d’Inde ; ils s’élèvent souvent en spirale de plusieurs