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et nous les entendîmes manifester en babillant toute l’envie qu’elles éprouvaient d’avoir leurs portraits avec celui de la grand’mère. Mon cœur acquiesça silencieusement à leur désir, et nous nous rendormîmes sans être de nouveau troublés. C’est souvent l’usage, dans nos bois reculés, qu’une seule chambre suffise ainsi pour le coucher de toute la famille.

L’aurore parut, et en nous habillant, nous nous trouvâmes seuls dans l’appartement ; nos jolies campagnardes s’étaient esquivées sans faire de bruit, et nous avaient laissés dormir. Nous rejoignîmes la famille, qui nous accueillit cordialement, et je n’eus pas plutôt fait connaître mes intentions relativement aux portraits, que les jeunes filles disparurent, pour revenir au bout de quelques secondes, parées de leurs plus beaux atours. L’instant d’après, le noir crayon était à l’œuvre, à leur grande joie ; et comme les fumées du déjeuner qu’on préparait pendant ce temps venaient flatter mon odorat, je travaillai avec un redoublement d’ardeur. Les croquis se trouvèrent bientôt finis, et plus promptement encore le déjeuner fut expédié ; ensuite je jouai quelques airs sur mon flageolet, pendant que notre guide attelait les chevaux, et vers dix heures nous nous remettions en route pour Meadville. Bonne et hospitalière famille de Maxon-Randell, je ne vous oublierai jamais ! Mon compagnon était tout aussi enchanté que moi ; le temps s’était remis au beau, et nous jouissions de notre voyage avec cette complète et heureuse insouciance qui convient le mieux à notre caractère. Le pays se montrait alors couvert de bois de charpente et d’arbres