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MEADVILLE.


Les incidents qui se rencontrent dans la vie d’un amateur de la Nature ne sont pas tous du genre agréable ; pour vous en donner une preuve, cher lecteur, permettez-moi de vous présenter l’extrait suivant d’un de mes journaux.

Un jour, c’était sur la côte du haut Canada, ma bourse me fut volée par un individu qui s’imaginait sans doute que l’argent était de trop dans la poche d’un naturaliste. Je ne m’attendais pas du tout à cette aventure ; et l’affaire fut conduite aussi dextrement que si elle eût été conçue et exécutée dans Cheapside même. Me lamenter, quand la chose était faite, c’eût été certes peu digne d’un homme ; je recommandai donc à mon compagnon d’avoir bon courage, car j’espérais bien que la Providence aurait quelque expédient en réserve pour nous tirer d’embarras. Nous étions à quinze cents milles de chez nous ; et ce qui nous restait, entre nous deux, d’argent comptant, se montait à la somme de sept dollars et demi. Heureusement notre passage sur le lac avait été payé. Nous nous embarquâmes et atteignîmes bientôt l’entrée du havre de presqu’île, mais sans pouvoir franchir la barre à cause d’un violent coup de vent qui nous surprit comme nous en approchions.