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d’une maison de pêcheur. Nous fûmes présentés à la ménagère, qui, de même que ses voisines, était une adepte dans l’art de la pêche. Elle nous accueillit par une révérence, non à la Taglioni, j’en conviens ; mais faite avec une modeste assurance qui, pour moi, me plaisait tout autant, que l’aérien et cérémonieux hommage de l’illustre sylphide. On peut dire que la brave dame avait été prise un peu au dépourvu, et tout à fait en négligé, de même que son appartement. Mais elle était remplie d’activité, d’excellentes intentions, et ne demandant qu’à faire les choses dans le bon style. D’une main, elle tenait un paquet de chandelles ; de l’autre, une torche flambante, et distribuant les premières à des intervalles convenables le long des murs, elle en approchait successivement la torche et les allumait ; ensuite, elle vida le contenu d’un large vaisseau de fer-blanc, en un certain nombre de verres que portait une sorte de plateau à thé reposant lui-même sur la seule table que possédât la pièce. La cheminée, noire et vaste, était ornée de pots à café, de cruches à lait, tasses, écuelles, couteaux, fourchettes, et de toute la batterie de cuisine nécessaire en si importante occasion. Une rangée de tabourets et de bancs de bois tout à fait primitifs avait été disposée autour de l’appartement, pour la réception des belles du village, dont quelques-unes faisaient maintenant leur entrée, dans tout l’épanouissement d’un embonpoint fleuri dû à l’action fortifiante d’un climat du Nord, et si magnifiquement décorées, qu’elles eussent éclipsé, de bien loin, la plus superbe reine des sauvages de l’Ouest. Leurs