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semaines, lorsqu’ils descendaient pour boire l’eau sortant des tuyaux d’exhaure. Encore en 1826, dans la Louisiane, je les ai trouvés rassemblés par troupes aussi nombreuses que jamais.

La manière dont nichent ces pigeons, et les lieux qu’ils choisissent à cet effet, sont aussi des points d’un grand intérêt. L’endroit le plus convenable est celui où ils trouvent le plus facilement de la nourriture à leur portée, pourvu qu’il ne soit pas trop éloigné de l’eau. Ils préfèrent les plus hautes futaies, au milieu des forêts, et s’y rendent en légions innombrables, se préparant à accomplir l’une des plus grandes lois de la nature. À ce moment qui, moins que dans les autres espèces, dépend de l’influence de la saison, le roucoulement du mâle devient un doux coo coo coo coo, beaucoup plus bref que celui du pigeon domestique. Les notes communes ressemblent aux monosyllabes kee kee kee kee, la première étant la plus forte, et les suivantes allant peu à peu en baissant. Le mâle prend aussi un air fier et pompeux ; il poursuit la femelle soit par terre, soit sur la branche, la queue étalée et laissant pendre ses ailes, qu’il frotte contre le sol ou la partie de l’arbre sur lesquels il se pavane. Le corps est élevé, la gorge se gonfle, les yeux étincellent ; il continue son roucoulement et s’envole de temps à autre à une courte distance, pour se rapprocher bientôt de sa timide compagne qui semble fuir. De même que les pigeons domestiques, ils se caressent en se becquetant mutuellement, les mandibules de l’un introduites transversalement entre celles de l’autre, et, par des efforts répétés, ils se dégorgent tour