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noisette, ils restent là longtemps, en tirant le cou et haletant, comme sur le point d’étouffer.

C’est lorsqu’ils remplissent ainsi les bois qu’on en tue des quantités prodigieuses, et sans que le nombre paraisse en diminuer. Vers le milieu du jour, quand leur repas est fini, ils s’établissent sur les arbres pour reposer et digérer. Par terre, ils marchent aisément, aussi bien que sur les branches, et se plaisent à étaler leur belle queue, en imprimant à leur cou un mouvement en arrière et en avant des plus gracieux. Quand le soleil commence à disparaître, ils regagnent en masse leur juchoir quelquefois à des centaines de milles, ainsi que me l’ont affirmé plusieurs personnes qui avaient exactement noté le moment de leur arrivée et de leur départ.

Et nous aussi, cher lecteur, suivons-les jusqu’aux lieux qu’ils ont choisis pour leur nocturne rendez-vous. J’en sais un, notamment, digne de tout votre intérêt : c’est sur les bords de la rivière Verte et, comme toujours, dans cette partie de la forêt où il y a le moins de taillis et les plus hautes futaies. Je l’ai parcouru sur un espace d’environ cinquante milles, et j’ai trouvé qu’il n’avait pas moins de trois milles de large. La première fois que je le visitai, les pigeons y avaient fait élection de domicile depuis une quinzaine, et il pouvait être deux heures avant soleil couchant lorsque j’y arrivai. On n’en apercevait encore que très peu ; mais déjà un grand nombre de personnes, avec chevaux, charrettes, fusils et munitions, s’étaient installées sur la lisière de la forêt. Deux fermiers du voisinage de Russelsville dis-