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première troupe a déjà tracées dans les airs. Ainsi, qu’un faucon vienne à donner quelque part sur l’une d’elles ; les angles, les courbes et les ondulations que décriront ces oiseaux dans leurs efforts pour échapper aux serres redoutables du ravisseur, seront reproduits sans dévier par ceux de la troupe suivante. Et si, témoin d’une de ces grandes scènes de tumulte et de trouble, frappé de la rapidité et de l’élégance de leurs mouvements, un amateur est curieux de les voir se reproduire encore, ses désirs seront bientôt satisfaits : qu’il reste seulement en place jusqu’à ce qu’une autre troupe arrive.

Il ne sera peut-être pas hors de propos de donner ici un aperçu du nombre de pigeons contenus dans l’une de ces puissantes agglomérations, et de la quantité de nourriture journellement consommée par les oiseaux qui la composent. Cette recherche nous prouvera une fois de plus avec quelle étonnante bonté le grand Auteur de la nature a su pourvoir au besoin de chacun des êtres qu’il a créés. — Prenons une colonne d’un mille de large, ce qui est bien au-dessous de la réalité, et concevons-la passant au-dessus de nous, sans interruption, pendant trois heures, à raison également d’un mille par minute ; nous aurons ainsi un parallélogramme de cent quatre-vingts milles de long sur un de large. Supposons deux pigeons par mètre carré, le tout donnera un billion cent quinze millions cent cinquante-six mille pigeons par chaque troupe ; et comme chaque pigeon consomme journellement une bonne demi-pinte de nourriture, la quantité nécessaire pour subvenir à