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se soustraire aux rigueurs des latitudes septentrionales, ou de chercher au midi un climat plus chaud pour y nicher. En conséquence elles ne se produisent point à une certaine période ou à une époque fixe de l’année ; au contraire, il arrive quelquefois qu’une abondance continuelle de nourriture retienne pendant très longtemps ces oiseaux dans un même canton, sans qu’ils songent à en visiter d’autres. Du moins, je sais très positivement qu’ils restèrent ainsi dans le Kentucky, et qu’on n’en voyait nulle part ailleurs ; puis, une année que les provisions manquaient, ils disparurent tout à coup. Des faits analogues ont été observés dans d’autres États.

La grande force de leurs ailes leur permet de parcourir et d’explorer, en volant, une immense étendue de pays dans un très court espace de temps. Cela est prouvé par des faits bien connus en Amérique. Ainsi des pigeons ont été tués dans les environs de New-York, ayant le jabot encore plein de riz qu’ils ne pouvaient avoir pris, au plus près, que dans les champs de la Géorgie et de la Caroline. Or, comme leur digestion se fait assez rapidement pour décomposer entièrement les aliments dans l’espace de douze heures, il s’ensuit qu’ils devaient, en six heures, avoir parcouru de trois à quatre cents milles ; ce qui montre que leur vol est d’environ un mille à la minute. À ce compte, l’un de ces oiseaux, s’il lui en prenait fantaisie, pourrait visiter le continent européen en moins de trois jours.

Cette grande puissance de vol est secondée par une puissance de vue non moins remarquable ; de sorte