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tions naturelles. Il me répondit qu’à son avis, c’était bien ce que je pouvais désirer de mieux ; il me parla du gibier que renfermait ce lieu, et me montrant du doigt quelques peaux d’ours et de daim, il ajouta que les individus qui les avaient portées ne formaient qu’une très petite partie des nombreux animaux qu’il y avait tués. Mon cœur tressaillait d’aise : je lui demandai s’il voudrait m’accompagner au travers du vaste marais, et me permettre de devenir l’un des commensaux de son humble mais hospitalière demeure ; et j’eus la satisfaction de le voir accepter cordialement chacune de mes propositions. En conséquence, je me débarrassai sur-le-champ de mon havre-sac, déposai mon fusil, et m’assis pour prendre ma part, avec grand appétit, des rustiques provisions destinées au souper du pionnier, de sa femme et de ses deux fils.

Le calme de la soirée semblait en parfaite harmonie avec le bon accueil et les manières engageantes de la famille. La femme et les enfants, je m’en aperçus plus d’une fois, me considéraient comme une sorte de personnage étrange : je leur avais dit que j’errais à la recherche des oiseaux et des plantes ; et si je devais rapporter ici les mille et mille questions qu’ils me firent, en réponse à celles que je leur adressai moi-même, la liste seule en remplirait plusieurs pages. Le mari, natif du Connecticut, avait entendu parler de l’existence d’hommes tels que moi, soit dans notre Amérique, soit aux pays étrangers, et il semblait me posséder avec grand plaisir sous son toit. Le souper fini, je demandai à mon excellent hôte quel motif avait pu le pousser à