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tent leur plaisir à le protéger. Les mûres des champs, plusieurs espèces de fruits des jardins, et des insectes, pourvoient aux besoins des jeunes, aussi bien qu’à ceux des parents. Bientôt on voit la couvée se hasarder hors du nid ; et une seconde quinzaine suffit pour qu’ils soient capables de voler et de se nourrir eux-mêmes. Alors ils quittent leurs parents, comme font la plupart des autres espèces.

Mais ce que je viens de dire ne renferme pas tout ce que je veux que vous sachiez de ce chanteur remarquable. Je vais donc transporter la scène dans les bois et la solitude, où nous pourrons examiner ses mœurs plus à loisir.

L’oiseau moqueur reste dans la Louisiane toute l’année ; j’ai observé avec étonnement que vers la fin d’octobre, lorsque ceux qui s’étaient dirigés vers les États de l’Est, et quelques-uns aussi loin que Boston, sont de retour, à l’instant ils se voient reconnus par les résidants du Sud, qui les attaquent en toute occasion. Je me suis assuré de ce fait, en remarquant que les nouveaux venus se tenaient sur une plus grande réserve, et semblaient avoir peur pendant les premières semaines de leur arrivée. Mais cette réserve finit par disparaître, ainsi que l’animosité des méridionaux ; et les uns et les autres, durant l’hiver, ont l’air de vivre en bonne harmonie.

Au commencement d’avril, et parfois une quinzaine plus tôt, les moqueurs s’accouplent et construisent leur nid. Dans quelques cas, ils poussent l’insouciance jusqu’à le placer entre les barreaux d’une palissade, tout