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font subir à de pareils coupables, nous mîmes le feu à la cabane et donnâmes toutes les peaux ainsi que le mobilier au jeune guerrier indien. Cette exécution finie, nous nous dirigeâmes, le cœur léger, vers les défrichements.

Durant l’espace de vingt-cinq années environ, alors que mes courses vagabondes me conduisaient dans toutes les parties de nos États, c’est la seule fois que ma vie ait été menacée par mes semblables. Au fait, les voyageurs courent si peu de danger dans toute l’étendue de l’Union, qu’il suffit d’y avoir vécu, pour que la pensée même n’en vienne pas à l’esprit pendant la route, et vraiment je ne puis me rendre compte de mon aventure qu’en supposant que les habitants de la cabane n’étaient pas des Américains.

Croiriez-vous, ami lecteur, qu’à quelques milles seulement du lieu où cela m’arriva et où, il n’y a pas plus de quinze ans, on ne trouvait pas une seule habitation d’homme civilisé, et à peine quelques bicoques du genre de celles où je faillis passer un si mauvais quart d’heure, de larges routes sont maintenant ouvertes, la culture a converti les bois en champs fertiles, des auberges ont été construites, et que l’on peut s’y procurer en grande partie ce que, nous Américains, nous appelons le comfort de la vie. C’est ainsi que tout marche dans notre riche, dans notre libre patrie !

    qui, sous le nom de loi du lynch, se pratique actuellement et d’une manière encore plus expéditive en Californie.