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LA PRAIRIE.


Lors de mon retour du haut Mississipi, je me trouvai obligé de traverser une de ces vastes prairies qui varient agréablement l’aspect parfois monotone du paysage. Il faisait un temps superbe ; autour de moi tout était frais, souriant et épanoui comme au sortir des mains du Créateur. Mon havre-sac, mon fusil et mon chien composaient tout mon bagage et toute ma compagnie. Quoique sans fatigue et bien équipé pour la marche, je ne me pressais cependant pas, attiré, tantôt par l’éclat d’une belle fleur, tantôt par les gambades de quelques faons autour de leur mère, charmants animaux qui paraissaient aussi éloignés de toute idée de danger que je l’étais moi-même !

Je continuai ainsi très longtemps ; je vis le soleil disparaître au-dessous de l’horizon, et je ne découvrais aucune apparence d’un pays boisé. De toute la journée, je n’avais aperçu rien qui ressemblât à figure humaine. L’espèce de sentier que je suivais n’était qu’une vieille trace d’Indiens ; et comme l’obscurité s’étendait rapidement sur la prairie, je commençais à désirer d’atteindre au moins un taillis, où je pusse me retirer et dormir. À mes côtés et sur ma tête voletaient déjà les hulottes, attirées par le bourdonnement des cerfs-volants dont elles font leur nourriture ; et dans le lointain, les hur-