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femelles. — Faut-il entendre que je ne veux parler que des oiseaux ?

Cependant les jeunes s’étaient cachés ; nous approchâmes pour ramasser le poisson que la mère avait laissé tomber : c’était une perche blanche d’environ cinq livres et demie. La partie supérieure de la tête était défoncée, et le derrière déchiré par les serres de l’aigle. C’était bien effectivement à la manière du faucon pêcheur, que nous venions de la lui voir apporter.

Notre partie s’en allant terminée pour ce jour-là, nous convînmes, tout en regagnant la maison, de revenir le lendemain matin, dans l’intention de nous emparer à la fois des vieux et des jeunes. Mais le temps se mit à la tempête, et il nous fallut de nécessité remettre notre expédition. Le troisième jour, hommes et fusils étant prêts, nous retournâmes au rocher. Les uns se postèrent au pied, d’autres sur le haut ; mais ce fut en vain : de toute la journée nous ne pûmes ni voir ni entendre un aigle. Les parents, avertis, avaient prudemment prévenu notre invasion et, sans doute, emporté leur famille en lieu plus sûr.

Enfin, il arriva, le moment que j’avais si souvent, si ardemment désiré ! Deux années s’étaient écoulées en excursions sans résultats ; un jour que je me rendais de Henderson chez le docteur Rankin, à cent pas à peine devant moi et du milieu d’un petit enclos où le docteur, peu de jours auparavant, avait tué quelques pourceaux, je vis s’enlever un aigle qui vint se percher sur un arbre bas dont les branches s’étendaient au-dessus