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récoltes ont été enlevées. C’est un oiseau robuste, supportant les plus rudes hivers de nos États du centre, où quelques-uns restent toute l’année.

Leur chair est très délicate, lorsqu’on se les procure jeunes et dans la saison convenable ; elles deviennent très grasses, sont tendres, succulentes, et dans l’opinion de plusieurs de mes amis, comme dans la mienne, d’une saveur égale à celle de la bécassine et même de la bécasse. Mais comme le goût, en pareille matière, dépend beaucoup des circonstances ou peut-être du caprice, si j’ai un avis à vous donner, bon lecteur, c’est d’en essayer par vous-même.

Pour les chasser avec succès, il faut être un fin tireur, car leur coup d’aile est très vif ; elles filent rarement en droite ligne, et il est rare qu’on en tue, au vol, plus d’une à la fois, et plus de deux ou trois, par terre, à cause de cette disposition qu’elles ont à se tenir écartées les unes des autres.

En hiver, ces oiseaux s’approchent des fermes, mangent avec les volailles, les moineaux, les quisquales[1], et sont très familiers et très gentils ; mais dès qu’on commence à les troubler, ils deviennent extrêmement farouches. Quand on les a enlevés du nid, ils se laissent facilement apprivoiser ; j’en ai même connu qui nichaient en captivité. Pris dans des cages ou des trappes, ils se nourrissent volontiers et bientôt, devenus gras, forment un excellent mets pour la table.

  1. « Grackle », Gracula, Quisquales ou Étourneaux Mainates de Daudin.