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se tiennent les différentes espèces de gibier qui peuplent ces solitudes.

Le voyageur, attristé par une course de plusieurs milles à travers ces régions sauvages, sent tout à coup son cœur réjoui lorsque, dans le lointain, il croit voir poindre un sombre bouquet de chênes-saules et d’autres arbres qui semblent avoir été plantés tout exprès au milieu du désert. À mesure qu’il approche, l’air souffle moins brûlant et plus salubre, le chant de nombreux oiseaux résonne comme une douce musique à ses oreilles, la verdure devient luxuriante, les fleurs prennent un air de santé qui leur donne un nouvel éclat, et l’atmosphère aux alentours s’embaume de délicieux parfums. Tous ces objets lui rafraîchissent l’âme, et, à la vue d’un limpide ruisseau qui murmure entre deux rives herbeuses, il croit déjà sentir l’onde bienfaisante humecter ses lèvres desséchées. Sur sa tête, mille et mille festons de vignes, de jasmins et de bignonias enchaînent chaque arbre à ceux qui l’environnent, et leurs jeunes rameaux s’entrelacent comme dans un transport de mutuelle affection. Sollicité par ces magnifiques ombrages, le voyageur s’arrête, et à peine a-t-il terminé son repas du midi, qu’il voit s’avancer de petites troupes d’hommes dans un léger accoutrement, portant chacun une hache, et qui s’approchent du lieu où il fait sa sieste. Après avoir échangé avec lui les politesses d’usage, ils se mettent immédiatement au travail, car eux aussi viennent justement de finir leur repas.

Il me semble les voir à l’ouvrage : deux d’entre eux