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Dans les États du centre, vers le 20 de mai le faucon de nuit, sans beaucoup choisir la place, dépose ses deux œufs, d’un ovale très prononcé et couverts de rousseurs, soit tout simplement par terre, soit sur un tertre au milieu des champs labourés, ou même à nu sur le roc, quelquefois dans une lande et des endroits découverts à la lisière des bois, dans la profondeur desquels il ne s’enfonce jamais. Il ne construit aucune espèce de nid, et ne se donne pas même la peine de creuser une légère excavation dans la terre : — je pense qu’ils n’élèvent qu’une seule couvée par saison. D’abord les petits sont revêtus d’un moelleux duvet dont la couleur, d’un brun sombre, ne contribue pas médiocrement à leur sûreté. Si la femelle est troublée durant l’incubation, elle commence par fuir, mais en feignant de boiter ; elle ne fait que culbuter, sautiller, et s’échappe devant vous à pas tremblants, jusqu’à ce qu’elle vous ait attiré loin de ses œufs ou de ses nourrissons ; alors elle prend la volée et ne revient que lorsque vous êtes bien décidément parti. Mais quand elle croit que vous ne la voyez pas, elle vous laisse approcher à un ou deux pieds de son trésor. Le mâle et la femelle couvent à tour de rôle. Quand les jeunes sont déjà passablement grands et réclament moins de chaleur de leurs parents, ceux-ci se contentent d’ordinaire de se tenir dans leur voisinage immédiat, tranquillement accroupis sur quelque palissade, sur une barrière ou sur un arbre ; et là ils restent si parfaitement immobiles et silencieux, qu’il n’est pas aisé de les y découvrir.