Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chaque élan subit est tout d’abord accompagné de son cri retentissant et aigu ; ou bien il se précipite directement en bas ; il pousse une pointe à droite ou à gauche, et continue toujours d’avancer, en effleurant les rivières, les lacs ou les bords de l’Atlantique, et d’autres fois poursuivant sa course rapide par-dessus la cime des forêts ou le sommet des montagnes. Mais c’est dans la saison des amours qu’il se livre surtout à de curieuses évolutions. On peut dire que le mâle ne fait sa cour qu’en volant ; il se pavane au milieu des airs, et ses mouvements sont des plus élégants et des plus gracieux, à ce point même que je ne connais pas d’oiseau qui, sous ce rapport, puisse rivaliser avec lui.

Très souvent il monte à une centaine de mètres, quelquefois beaucoup plus haut ; et de là, du même air d’insouciance que je viens de signaler, il fait éclater son cri, qui devient plus fort et plus fréquent à mesure que lui-même il s’élève ; mais soudain il s’arrête : le voilà qui retombe obliquement vers la terre, les ailes et la queue à moitié fermées, et avec une telle rapidité, qu’il semble devoir s’y heurter avec violence. Cependant ne craignez rien : quand il arrive près du sol et n’en est plus qu’à deux ou trois pieds peut-être, il déploie tout à coup ses ailes, de façon à ce que, dirigées en bas, elles forment presque un angle droit avec le corps, étend sa queue, brise ainsi subitement l’impétuosité de sa chute, et alors, faisant volte-face, pique en l’air avec une force inconcevable, en décrivant une ligne semi-circulaire de quelques mètres d’étendue. C’est le moment où l’on peut entendre le singulier bruit