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tion avec eux sur des sujets qui m’intéressaient, et en recevoir des informations satisfaisantes ! Quand le modeste mais substantiel repas était fini, la mère atteignait de dessus la planche le livre des livres et réclamait doucement l’attention de sa famille, pendant que le père lisait à haute voix un chapitre. Alors montait au ciel leur fervente prière ; après quoi l’on se souhaitait une bonne nuit, en envoyant un souvenir aux amis absents ; et je pouvais enfin étendre mes membres épuisés sur la peau de buffle, et me couvrir de la chaude dépouille de quelque gros ours. De doux rêves me reportaient chez moi ; j’étais heureux, à l’abri de tout danger, sous l’humble toit, et défendu contre les rigueurs de la saison.

Je me rappelle qu’une fois, dans l’État du Maine, je passai une de ces nuits que je viens de décrire. Au matin, tout avait pris un air sombre, et le ciel était obscurci d’une lourde pluie qui tombait par torrents. Mon généreux hôte me pria de rester, en termes si pressants, que je ne pus qu’accepter son offre avec plaisir. On déjeuna ; puis chacun se mit à ses occupations du jour : les rouets commencèrent à tourner à la ronde, et les garçons s’employèrent de leur côté, l’un en cherchant à apprendre sa leçon, l’autre en essayant de résoudre quelque gros problème d’arithmétique. Dans un coin dormaient les chiens, qui rêvaient de chasse et de carnage ; tandis que, presque sur les cendres, Grimalkin[1], d’un air grave, accompagnait de

  1. Le vieux chat — « I come, graymalkin. » — Macbeth.