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Le nid de cet oiseau-mouche est de la nature la plus délicate. L’extérieur se compose d’une légère couche de lichen gris trouvé sur les branches d’arbres ou sur de vieilles palissades, et si proprement arrangé tout alentour, qu’à quelque distance il paraît faire partie de la branche même ou de la tige à laquelle il est attaché. Ces petites écailles de lichen ont été agglutinées ensemble avec la salive de l’oiseau. La couche qui vient ensuite est formée de substances cotonneuses, et la plus intérieure, de fibres comme de la soie provenant de diverses plantes, toutes extrêmement fines et moelleuses. Sur ce lit si confortable et si doux, et comme en contradiction avec cet axiome que, plus les espèces sont petites, plus le nombre des œufs est considérable, la femelle en dépose deux seulement qui sont d’un blanc pur et d’une forme ovale très prononcée. Il ne faut que six jours pour leur éclosion, et chaque couple élève, par saison, deux couvées : en une semaine, les jeunes sont prêts à voler ; mais ils ont besoin d’être nourris pendant une autre semaine encore. Ils reçoivent l’aliment du bec de leurs parents qui le leur dégorgent à la manière des canards et des pigeons. J’ai des raisons de croire que les jeunes ne sont pas plutôt en état de se suffire à eux-mêmes, qu’ils s’associent avec d’autres nouvelles couvées, pour accomplir leur migration, à part des vieux oiseaux ; car j’ai quelquefois observé vingt ou trente de ces jeunes oiseaux-mouches qui s’étaient donné rendez-vous à un groupe de bignonias, sans que j’y pusse apercevoir un seul vieux mâle. Ce n’est qu’au printemps qui suit la