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marchait sans bruit, et la lanterne qu’elle balançait au-dessus de chaque lit avait l’air d’un gros œil curieux.

Grand’mère se leva quand la lanterne eut disparu ; elle s’approcha de la fenêtre et cogna au carreau avec son doigt recourbé. Elle cognait tout doucement et elle faisait des signes à quelqu’un dans la cour.

Je regardai de ce côté, la cour était toute blanche de neige, et on ne voyait que des arbres noirs et tordus qui allongeaient leurs branches vers nous.

Maintenant grand’mère cognait plus fort : elle se serrait contre les vitres, comme si elle espérait qu’on allait lui ouvrir du dehors. Puis sa voix claire et douce monta comme une plainte qui traîne. Elle dit : “ Y a des loups ! ”

La gardienne de nuit s’approcha pour la faire taire, mais grand’mère se sauva vers une autre fenêtre. Elle se mit à cogner de toutes ses forces, comme si elle eût demandé asile aux arbres de la cour. Elle