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“ Est-ce que tu as peur ? ”

“ Non, ” dit Marie, “ et toi ? ”

“ Moi non plus. ”

Angélique se leva la première et dit comme tout à l’heure :

“ Il faut nous coucher. ”

Elles se serrèrent un peu pour passer ensemble dans la porte de leur chambre et Marie donna un tour de clé pendant que sa sœur poussait le verrou.

Elles furent bientôt couchées côte à côte, et quand Angélique eut soufflé la lampe qu’elle avait mise tout près de son lit, les deux sœurs s’aperçurent que la flamme de la veilleuse n’éclairait pas comme à l’ordinaire : elle s’allongeait parfois comme si elle voulait sortir du verre, et les ombres qu’elle renvoyait sur les murs ne ressemblaient pas aux ombres des autres soirs. Cependant Angélique s’efforçait de respirer un peu fort comme si elle dormait tranquillement, et Marie n’osait faire le plus petit mouvement de peur de réveiller sa sœur.