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les gens aussi longtemps qu’elles pouvaient les apercevoir, puis elles cessaient d’appeler, comme si elles comprenaient que le moment de la délivrance n’était pas encore venu.

Raymond s’était surtout attaché aux poulains qui gambadaient à travers l’île. Son préféré était un tout petit dont le poil avait des teintes roses. La veille encore, il s’était arrêté longtemps à le regarder. C’était à l’heure du soleil couchant. Le poulain galopait en faisant des grâces : il baissait et relevait la tête, comme s’il saluait le gros soleil rouge qui se couchait dans l’eau. Puis il se cabrait en essayant de se tenir debout, ou bien il lançait ses pieds de derrière dans le vide : ensuite, il reprenait son joli trot en traçant des cercles autour de sa mère. Mais, ce matin-là, Raymond eut beau courir le long des rochers et sur la lande, il vit les mêmes vaches et les mêmes moutons, mais nulle part il ne vit de poulains. Il ne savait à