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l’enfant fût souvent assez éloigné pour que les cris ne lui parvinssent pas, il semblait les entendre, il échappait à toutes les mains pour accourir vers la chambre de son père.

Un matin, mon mari me fit signe d’approcher tout près. Il regardait la porte avec inquiétude, et quand je fus penchée sur lui, il me dit dans l’oreille : “ Il y a des nègres derrière la porte, ils viennent chercher mon petit garçon, donne-leur des sous pour qu’ils s’en aillent ! ”

Malgré moi, je demandais : “ Des nègres ? ”

“ Oui ! Oui ! ” me dit-il, “ tiens, les voilà, maintenant, qui viennent cracher sur mon lit ! ”

Je haussais la voix comme pour chasser des mendiants, et jusqu’au dernier jour, il ne cessa de crier que des nègres venaient cracher sur son lit. Pour le calmer, il me fallait jeter de grosses poignées de sous vers la porte.

Une minute avant de mourir, il