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Ce fut ma petite Lise, et rien ne pourrait rendre le regard de mépris qu’il laissa tomber sur le berceau.

La mignonne avait bien près d’un an quand j’eus ma deuxième fille. Mon mari haussa les épaules ; cependant il regarda la petite et il dit d’un air désenchanté : “ Il faut que j’en prenne mon parti ! Je vois bien que nous n’aurons que des filles ! ”

Le jour de la naissance de mon petit Raymond, tout changea. J’étais si joyeuse que j’envoyai la bonne à la recherche de mon mari pour lui apprendre la bonne nouvelle. Il ne voulait pas y croire ! Il disait : “ Vous devez vous tromper, je suis sûr que c’est encore une fille… ”

Il entra dans ma chambre à pas comptés et, sans un regard pour moi, il alla droit au berceau.

Il prit le petit enfant au bout de ses doigts comme un objet précieux. Il l’approchait et le reculait de son visage ; il riait et je voyais qu’il avait envie de pleurer. Enfin il se