Page:Audoux - Valserine and other stories.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dressa en aboyant, mais la fille du marinier étendit seulement la main pour le calmer, et elle sourit à Michel. À ce moment, le soleil n’éclairait plus que le haut de la montagne : le fleuve était devenu plus transparent qu’un miroir ; on ne savait plus si la montagne était en haut ou en bas ; le pré se continuait jusqu’au milieu du fleuve, et on voyait les longues herbes trembler dans l’eau. Maintenant, le son des clochettes diminuait et le chaland s’éloignait lentement. Le fleuve paraissait aussi étroit que l’écluse Saint-Martin et on eût juré que le chaland touchait les deux rives.

Michel s’aperçut tout à coup que le chaland allait disparaître au tournant du fleuve. Il eut regret de ne pas l’avoir suivi, comme il l’avait souvent fait pour d’autres bateaux. Pour le voir plus longtemps, il se rapprocha davantage du bord ; il quitta le chemin de halage pour marcher sur le pré qu’on voyait sous l’eau, mais au premier pas qu’il