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jusqu’au ciel. De l’autre côté du fleuve, trois grosses roches sortaient de la montagne. Les gens du pays les appelaient les “ Dames du Fleuve. ” Elles n’avaient pas de tête, mais on voyait bien tout de même qu’elles avaient été des dames, parce que leurs robes à gros plis s’étalaient encore jusque sur le pré.

Michel était assis en face d’elles depuis un moment, lorsqu’il entendit dans le lointain un bruit de joyeuses clochettes : cela venait vers lui comme une chanson : les clochettes étaient si claires et si gaies qu’il se mit à les imiter en chantant :

“ Tine, tigueline, cline, cline, cline, tigueline, cline… ”

Deux hommes qui passaient sur le chemin s’arrêtèrent pour écouter, et Michel entendit l’un d’eux dire : “ C’est sûrement le chaland de la reine qui vient là. ” Presque aussitôt, l’enfant vit venir sur le chemin de halage deux beaux chevaux tout blancs : ils étaient complètement