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“ Et quand j’ai voulu quand même me marier avec Julien, que j’aimais tant, tu m’en as empêchée, en disant que mon devoir était de ne pas t’abandonner. Tu m’as dit que la mort de mon père nous laissait dans la misère. Alors je me suis mise au travail, et j’ai refusé le bonheur et, maintenant, je sais que mon Julien s’est lassé et en a épousé une autre ; et, aujourd’hui tu m’apprends que tu vas me quitter pour épouser un homme que tu n’as jamais aimé et qui t’est resté étranger depuis tant et tant d’années. ”

Madame Pélissand avait la tête si basse que son front touchait presque sa poitrine : on ne voyait plus que sa nuque, où la chair se séparait et formait comme deux cordes.

Marie se tut en attendant un mot de sa mère. Mais Madame Pélissand restait le front courbé et l’air têtu. Alors Marie continua :

“ Moi, j’ai fait mon devoir en restant avec toi. Feras-tu le tien en refusant ce mariage pour ne pas me