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comme si elle se vengeait d’une méchanceté, elle répondit :

“ Toi, ma chère ? Mais tu es assez vieille pour rester seule. ”

Elle tapota les bas de la corbeille en ajoutant :

“ Tu me reprochais mes cinquante-huit ans, tout à l’heure, et tu as l’air d’oublier que tu en as trente-sept sonnés. ”

“ Je ne l’oublie pas, ” dit Marie. “ Mais… ”

“ Mais quoi ? ” demanda Madame Pélissand.

“ Je pense seulement, ” répondit Marie, “ que tu m’as toujours empêchée de me marier, parce que tu ne voulais pas rester seule, et, aujourd’hui, c’est toi qui vas me quitter. ”

Madame Pélissand resta silencieuse, et Marie n’osait dire tout ce qui lui montait du cœur. Après un long silence, Madame Pélissand reprit :

“ J’épouse M. Tardi. Tu sais bien, ce jeune homme, qui m’avait de-