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Elle se mit à rire en se renversant en arrière : mais Madame Pélissand la saisit par le bras, en disant d’une voix rêche :

“ Je ne vois pas qu’il y ait de quoi rire. ”

Marie s’arrêta de rire comme elle s’était arrêtée de jouer. Elle comprit que sa mère disait vrai, et une grande stupeur tomba sur elle. Elle regarda encore sa mère. Elle vit ses cheveux blancs qui essayaient de bouffer aux tempes ; elle vit son visage bouffi, ses épaules affaissées, et ses mains décharnées ; et elle ne put s’empêcher de dire :

“ Mais, maman, tu as cinquante-huit ans. ”

“ Oui, ” dit Madame Pélissand. “ Et après ? ”

Après ? Après ? Marie ne savait plus quoi dire ; des larmes vinrent à ses yeux : pourtant elle dit encore :

“ Et moi, maman ? ”

Madame Pélissand recula un peu sa chaise ; son regard se fit dur : et,