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scies filaient des sons aigus en donnant une forme aux racines de bruyère. Elle vit voler sur elle et autour d’elle les fins copeaux roulés, qui sautaient des établis pendant que les machines à tourner et à percer chantaient comme un essaim de bourdons dans la montagne.

Elle remarqua les visages ouverts et pleins d’énergie des ouvriers, et quand le fils de la mère Marienne la fit entrer dans l’atelier des polisseuses, elle regarda sans crainte les femmes, toutes debout et tournées de son côté, comme si elles guettaient son entrée.

Elle eut encore le temps de voir le poêle en forme de pipe, qui se trouvait au milieu de la pièce, et tout de suite une ouvrière vint la prendre pour la conduire à sa place. L’ouvrière marchait devant en écartant du pied les paniers qui encombraient le passage, et après avoir aidé la fillette à mettre sa blouse de polisseuse, elle lui offrit un mouchoir de même couleur que celui qu’elle portait.