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le silence avait aussi des voix, que l’on pouvait entendre quand on les écoutait.

Le lendemain, au moment où Valserine allait partir pour Saint-Claude, la mère Marienne la retint un instant sur le seuil. Elle tenait à la main un mouchoir noir, qu’elle lui donna en disant :

“ Prends-le. Il te servira pendant le temps de ton deuil. ”

La fillette eut un mouvement plein de vivacité affectueuse vers la mère Marienne, puis elle mit le mouchoir dans sa poche et rejoignit en courant le fils de la vieille femme, qui s’engageait déjà dans le sentier de traverse.

Tout était clair dans la vallée ce matin-là, et le vent frais déchirait en petits morceaux les nuages, qui semblaient vouloir se reposer un instant sur la montagne.

À l’endroit où le sentier coupait la route, Valserine vit passer le courrier de Saint-Claude à la Faucille, et elle ne put s’empêcher d’imiter tout bas la voix du conducteur :